Nvidia n’avait aucune raison technique d’acquérir ARM

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Hermann Hauser, le fondateur historique d’ARM s’est exprimé sur le fiasco du rachat avorté d’ARM par Nvidia. Il faisait partie des premiers à être monté au créneau pour dénoncer le danger de cette opération. Aujourd’hui il prend de la hauteur et livre son analyse sur les raisons qui ont poussé Nvidia a tenter cette opération et l’avenir d’ARM. Une explication limpide qui permet un éclairage précis sur les tenants et les aboutissants de ce deal avorté.

Nvidia ARM
                            Très tôt, le co-fondateur d’ARM a milité contre le rachat d’ARM par Nvidia

Hermann Hauser est un citoyen autrichien passé dans sa jeunesse par la prestigieuse université anglaise de Cambridge. Si nous prenons volontairement un raccourci sur l’histoire, c’est pour arriver au fait qu’il a fondé au Royaume-Uni une entreprise qui a accouché de l’architecture ARM. Aujourd’hui, il ne possède plus de parts, ni de pouvoir décisionnel au sein de celle-ci, même s’il reconnaît que quand il évoque ARM « le cœur parle lui aussi un peu ! ». Mais son historique et sa position à la tête d’un fond d’investissement technologique depuis 25 ans apportent évidemment un regard très précis sur cet épisode Nvidia / ARM.

ARM : un monopole vertueux

Tout d’abord, Hermann explique comment ARM est arrivé là où il est aujourd’hui.

« La situation d’ARM n’a rien à voir avec un monopole classique[…] En faisant d’ARM un simple fournisseur de technologies que tout le monde pourrait acheter, je m’assurais de son succès ».  Le business model d’ARM permet ainsi à n’importe qui de développer ses propres puces en souscrivant à divers niveau de licences proposées par l’entreprise. L’exemple le plus convaincant est bien entendu Apple qui, sans posséder la propriété sur le jeu d’instruction ARM, peut, avec sa licence haut de gamme, développer des puces particulièrement performantes qui lui sont propres.

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arm nvidia

Pour Hermann, le rachat par Nvidia aurait engendré une concurrence déloyale

« Je ne vois que deux raisons à la démarche de Nvidia : en possédant ARM, l’entreprise aurait non seulement été le seul utilisateur à ne pas payer de licence ARM – tout en faisant payer les autres. Et la maîtrise du développement de l’architecture lui aurait permis de faire en sorte que ses évolutions auraient été, par exemple, plus favorables à ses propres GPU, au détriment de la compétition comme AMD ou Intel ».

Il va même plus loin en affirmant clairement que Nvidia n’avait aucune raison « technique » à racheter ARM sauf à vouloir organiser une rupture d’égalité avec ses concurrents.

Car Nvidia n’avait pas besoin de se rendre propriétaire d’ARM pour faire des puces de qualité sur cette architecture. Le SoC Tegra X1 en est un bon exemple. Il ne fait donc aucun doute pour lui que la démarche de Nvidia avait pour but de tirer partie de cette acquisition pour peser sur ses concurrents.

Enfin Hermann pense qu’à l’avenir, si ARM doit revenir en bourse, il est important de trouver des mécanismes pour protéger sa situation si particulière. Il prône notamment la participation du gouvernement britannique au capital d’ARM avec une minorité de blocage lui permettant de bloquer une future acquisition d’un pays ou d’une entreprise étrangère.

 

Vous pouvez retrouver l’interview complète de Hermann Hauser sur 01net.

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