Le monde du clavier mécanique est un domaine qui peut être intimidant, surtout pour les personnes ayant peu de connaissances. Effectivement, lorsque l’on sort du domaine mainstream et des marques telles que Razer, Corsair, SteelSeries ou Turtle Beach, on se rend compte que le clavier est un monde véritablement à part. Malgré tout, on sent que certains constructeurs tentent de rendre la chose accessible et de plus en plus de clavier customs arrivent préassemblés d’origine et c’est notamment le cas du Bridge75 de Shortcut Studio.Les layout, les dimensions et le poids :
Dans les grandes lignes, avec ce clavier, nous retrouvons un modèle dit custom assemblé de série. Néanmoins, comme le soulignait la chaîne Custom ton clavier, il faudrait redéfinir ce qu’est un clavier custom puisque les marques généralistes marchent de plus en plus dans les pas des modèles personnalisés. Bref, avec ce clavier, la marque Shortcut Studio nous propose un modèle en format 75%.
Dans les faits, ce n’est ni un TKL, ni un modèle rikiki comme les 60%. Concrètement, nous retrouvons le pavé lettré, les touches fonction ainsi que quelques touches de navigation comme les flèches directionnelles, insert, fin, page up et down. On se retrouve ici avec le strict nécessaire pour de la rédaction, mais c’est largement suffisant d’autant que le retrait du pavé numérique permet un gain de place significatif sur le bureau par rapport à un clavier 104 touches plus traditionnel.
Au niveau des dimensions, cela se traduit alors par une longueur de 31,5 cm contre 13,5 cm de profondeur. Quant à la hauteur, cette dernière est mentionnée pour 1,82 cm sur le devant… Au niveau de la case. Mais ce qui choquera le plus par rapport à un clavier mécanique de marque généraliste, c’est le poids. Là où la plupart des modèles du marché pèsent dans les 1~1,5 kg, on parle de 1,5 kg pour le Dark Mount de be quiet! par exemple, ici, le Bridge75 affiche un poids de 1,7 kg dans sa version Max. Qu’est-ce qui justifie ce poids ? C’est simple, l’utilisation d’une case entièrement en aluminium avec un lest en laiton monté dans le fond.
L’isolation et le bruit :
L’autre aspect intéressant de ce clavier réside dans le son qu’il produit. Outre la case qui est entièrement en aluminium (la base comme la partie supérieure), on retrouve une isolation phonique intégrale. Cette dernière comprend un total de cinq couches avec de la mousse Poron, des feuilles en IPXE et en PET ainsi qu’une mousse EPDM pour isoler la case. Enfin, nous retiendrons la présence de patins anti-statique et d’un montage en gasket. En d’autres termes, la plate du clavier repose sur un système de joint ce qui améliore également l’acoustique du clavier. Toutes ces couches, couplées à des stabilisateurs et des commutateurs prélubrifiés, ça s’entend et le clavier propose un son mat que l’on pourrait qualifier de crémeux.
Avec le keyset d’origine :
Avec un keyset différent au profil XDA :
Les commutateurs proposés :
Au niveau des commutateurs, ce Bridge75 est proposé avec deux types :
- MMD Princess Ultra
- SC Switches
Les deux sont de type linéaire, cependant, ils proposent un traitement différent suivant le type de son que vous recherchez. Les Princess offriront un son dit « thock » tandis que les SC sont dit « clack ». Quoi qu’il en soit les deux proposent une prélubrification de série avec des caractéristiques assez similaire : 45g pour activation avec un point d’accentuation autour des 2 mm, 1,9 mm pour le Princess. Enfin, les SC seront plus cours avec une course de 3,5 mm seulement.
Du côté de ces switchs Princess, clairement, le feeling est bon et on retrouve une frappe très fluide et douce. Cette sensation est clairement facilitée par la lubrification de série bien que le commutateur profite d’une construction à base de matériaux dit à faible friction comme le polycarbonate pour sa partie supérieure ou du LY pour le stem. Forcément, avec tout ceci, le confort est au rendez-vous. D’autant que les bruits de ressort sont totalement absents, sur un modèle de ce type, ça aurait clairement été un comble.
Cependant, si ce type de frappe ne vous convient pas, vous pouvez toujours opter pour d’autres switchs tout simplement parce que le PCB est dit « hotswap ». En gros, il vous suffit d’enlever les commutateurs d’origine et de les remplacer par ceux de votre choix. Les keycap puller et switches puller sont justement fournis en accessoires. On retiendra la compatibilité du clavier avec les commutateurs à trois et cinq broches… Autant dire plus ou moins tout ce qui se fait de nos jours.
Un keyset ISO FR en PBT !
L’une des particularité de ce clavier, c’est d’être proposé avec un set de touche type ANSI, bien évidement… Mais aussi en ISO et en ISO FR ! De plus, il ne s’agit pas d’un keyset en ABS puisque Shortcut Studio décline son clavier avec un set en PTB double injection ! Si de plus en plus de marques comme Corsair proposent des claviers avec des sets ISO FR, ce n’est pas encore la norme dans le monde des claviers mécanique. Malheureusement, pour de nombreux constructeurs, la France représente un marché « secondaire » et ces derniers ne veulent pas se risque à investir dans des moules français.
Cependant, bien qu’il s’agisse d’un keyset ISO FR, nous retrouvons quelques petites incohérences comme la présence de touches avec des dispositions internationales comme le « 2 » qui comporte le « é », le « ~ »ainsi que le « @ ». Idem sur la touche « ² » qui affiche le « ‘ ».
Autre reproche que l’on pourrait faire aux touches, c’est la précision des moulages puisque tous les caractères n’ont pas la même épaisseur. Par exemple les touches « F3 » ou « F4 » sont beaucoup plus fines qu’un « F6 » par exemple.
Dans l’absolu, ce n’est pas quelques chose de bien dérangeant, mais c’est quand même la première fois que l’on retrouve autant d’irrégularités dans le lettrage d’un clavier. Mais c’est un « problème » déjà connu sur ce modèle.
Personnellement, j’ai retiré ce set de touche que je ne trouvais pas très esthétique. D’autant qu’à titre personnel, je ne suis pas fan du blanc. À noter qu’en FR seul le blanc est proposé. Avec un layout ANSI par exemple, vous aurez le choix entre six coloris différents.
Le démontage :
Le démontage du clavier se fait très simplement puisqu’il bénéficie d’un système ballcatch intégré. Retirer la partie supérieur du clavier ne sera donc pas bien compliqué puisqu’il suffit d’attraper le clavier par les côté et appuyer sur les touches pour faire sauter la partie supérieure.
Une fois retirée, nous avons désormais accès aux entrailles du clavier ainsi qu’au commutateur pour l’allumage, à la top plate ainsi qu’au différentes couches d’isolant phoniques. Attention cependant, si vous retirer l’ensemble PCB/top plate, vous risquez d’arracher la nappe qui relie le PCB et la carte fille localisée dans le fond de la case. C’est peut-être un petit manquement de ce modèle : l’absence de connecteur magnétique.
Le logiciel :
Si vous en avez marre de devoir installer des logiciels divers pour vos périphériques, bonne nouvelle puisque ce modèle est compatible avec VIA Software. Dans les grandes lignes, il s’agit d’une application web (sans installation donc) qui vous permettra de redéfinir les touches de votre clavier ainsi que de programmer et d’attribuer des macros. Le seul prérequis pour pouvoir l’utiliser : uploader un fichier .json correspondant à votre clavier, ensuite, on autorise le clavier sur le navigateur web et c’est parti. Attention cependant puisque tous les navigateurs web ne sont pas compatibles. Dans notre cas, nous avons dû utiliser Chrome ou Opera, FireFox n’était visiblement pas supporté.
Grosso modo, le logiciel se comporte comme n’importe quel soft fourni avec un clavier puisque sur la page d’accueil nous avons affaire à l’attribution des touches. C’est fort utile puisque par défaut, le clavier ne dispose pas de touche d’impression d’écran. De notre côté, nous avons remplacé la touche page up par cette fonction.
L’enregistrement des macros se fait classiquement avec un éditeur. On sélectionne l’emplacement de macro (M0, M1, M2, etc.) puis on peut commencer l’enregistrement. Ensuite, on enregistre notre séquence de touche avec la possibilité d’enregistrer les délais entre chaque frappe ou non puis on sauvegarde. Ne reste plus qu’à attribuer la macro à une touche en sélectionnant la touche voulue puis la macro.
On retiendra également qu’il est tout à fait possible de personnaliser l’éclairage du clavier en plus de se baser sur les raccourcis intégrés directement au Bridge75.
Bref, cette partie logiciel, c’est du très bon puisque ça réagit instantanément et on retrouve toutes les fonctions attendues… En plus de ne nécessiter aucune installation et donc aucun logiciel qui viendra se lancer au démarrage de votre PC. Idem, contrairement à un iCUE de Corsair, inutile de redémarrer l’ordinateur après chaque installation de mise à jour. Clairement, si les divers constructeurs pouvaient suivre ce chemin, ça serait tip top, mais pas que pour les clavier… On pense par exemple aux logiciels de gestion des AIO, etc.
En conclusion :
Dans les grandes lignes, je dois dire que je suis particulièrement satisfait de ce clavier. S’agissant de mon premier custom, je trouve l’expérience très agréable puisque l’on retrouve une acoustique particulièrement soignée et une qualité de fabrication assez folle. Cependant, le plus gros défaut de ce modèle réside à mon sens dans le keyset blanc installé de base. Le moulage des touches n’est pas le plus régulier et en plus, je n’aime pas le blanc, raison de plus pour changer. Mais pour ceux que ça ne dérange pas, on retrouve un set PBT en ISO FR et c’est assez rare pour être souligné.
Au niveau des nuisances sonores, ceux baignant dans le monde du clavier custom nous diront qu’il y a mieux, etc. Et ils auront certainement raison, mais pour un néophyte, je trouve que la marche entre ce modèle et un clavier signé Corsair, Razer, Steelseries est tellement haute, que c’est le jour et la nuit.
Pourtant, avec ce Bridge75, vous ne vous saignerez pas lors de l’achat du clavier. En effet, nous le retrouvons à un prix de 140 € en version max chez Delta Key Co auquel il faudra rajouter entre 8 € et 15 € suivant le service de livraison choisi… En plus, ça part de France, donc il n’y aura pas de délai de livraison interminable ni de frais de douanes à l’arrivée.
Bref, je trouve qu’il s’agit là d’une excellente alternative pour ceux qui souhaitent se lancer dans le milieu sans avoir à se prendre la tête avec le choix des composants. Et clairement, si le layout ne vous fait pas peur, foncez !